mercredi 28 décembre 2016

"Message à l'avenir" (Laurence Vielle)

Poétesse Nationale 2016-2017, Laurence Vielle s'est confiée il y a quelques jours aux quotidiens du groupe Vers l'Avenir :    "Au moment des attentats en France, je travaillais dans le quartier du Bataclan. Il y avait cette intolérable ambiance où tout le monde devenait suspect, chacun était l'ennemi de l'autre. J'ai écrit un texte sur ce thème au mois de mars où je partageais ce sentiment d'avoir perçu chacun comme une cible. Dans ces cas-là, il faut prendre de la hauteur. Etre cible, pourquoi pas? Mais uniquement une cible d'amour. Après les attentats, il y avait cette nécessité que les mots se posent. Il fallait parler, écrire. Loin des analyses officielles, des discours politiques ou médiatiques. La force des mots est revenue dans la rue.

Je suis une amoureuse de l'humanité. Cherchant le potentiel humain dans chaque rencontre. Mais là, je trouve que notre planète est en train de se trouer toute seule. C'est écrasant. On s'autodétruit. On est confronté à des images qui sont un non-sens pour la vie (par exemple, devoir porter un masque pour respirer est, pour moi, une image insupportable.

Pour 2017, j'ai beaucoup d'espoir dans l'humanité, mais pour réenchanter le monde, il faut être créatif, ce qui demande parfois une grande force qu'on trouve justement dans la poésie. Le poème, c'est un chemin pour honorer la vie, le vivant, malgré la noirceur du monde. Le poème, c'est un instrument qui permet de rester éveillé avec la langue, avec la parole".

Laurence Vielle offre son poème "Message à l'avenir" aux lecteurs du groupe Vers l'Avenir :

"Je t'écris d'un pays où le pôle nord a changé de cap
les moteurs dévastent l'air
noircissent nos poumons
les enfants galopent dans les écrans
les animaux sont abattus à grande vitesse
pour fournir à nos panses viande terne
on achète, on consomme, on jette
notre temps file, file et file
nous construisons l'arme qui nous tue tous
en poussant juste sur un bouton
nous divisons la planète par lignes invisibles
interdit de les franchir si tu demandes asile
nous rêvons de conquérir l'espace
pour affamer une autre terre
nos frères meurent de faim de froid
à même les trottoirs aux pays des nantis
les plus âgés croupissent dans les mouroirs
l'eau la belle eau la ruisselante
nous la filtrons pour apaiser nos soifs.

Dans ton cœur qui demain battra
un peu du mien y chantera
chante qui chante le demain
d'aujourd'hui
tu lis ces mots c'est que tu vis
célèbre la vie qui passe
marche, marche, arpente les chemins
et de tes mains à d'autres reliées
aime, oui, aime le monde qui est le tien
et de tes lèvres et de ton souffle
invente les mots de ton poème
chair lumineuse aux enfants de demain".

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mercredi 21 décembre 2016

"Les aventures de Billy" (Marcelle Pâques)

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Nouveau livre de Marcelle Pâques destiné cette fois aux enfants : "Les aventures de Billy" (éditions Chloé des Lys). Il raconte les aventures d'un petit ours en peluche qui se transforme la nuit grâce à la complicité de son amie la fée. Les illustrations sont de Catherine Hannecart.

Il y a deux ans, je vous avais déjà parlé de son recueil de poésies "Bientôt les jonquilles":  http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2014/01/premier-recueil-de-poesie-de-marcelle.html

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mercredi 23 novembre 2016

L'auteur belge Georges Rodenbach (1855-1898)

Né à Tournai en 1855, Georges Rodenbach est le condisciple d'Emile Verhaeren au collège Sainte-Barbe de Gand. Il effectue ensuite des études de droit. Son premier ouvrage est un recueil de poèmes : "Le foyer et les champs". Comme beaucoup d'écrivains belges de sa génération, il collabore à la revue "La Jeune Belgique". C'est lui qui y introduit Maurice Maeterlinck.

A partir de 1888, Georges Rodenbach s'installe définitivement à Paris, où il est correspondant pour "Le Journal de Bruxelles" (plusieurs centaines d'articles intitulés "Lettres parisiennes"). et collaborateur régulier du "Figaro" (où sa chronique se retrouve en première page). Certains d'entre eux sont désormais lisibles sur bruges-la-morte.net . Le tout assorti de brèves annotations qui replace le sujet ou les personnages cités dans leur contexte littéraire ou/et artistique. Le chroniqueur parisien y affiche son côté mondain et dandy, son sens critique affuté, son ironie légère, mais aussi son goût pour tout ce qui participe à la modernité (le cyclisme, les courses de chevaux, les découvertes de Pasteur, le plagiat, le féminisme, p.ex.). Il parle peu de ses compatriotes, à l'exception de Félicien Rops et Alfred Stevens. Il défend des artistes décriés à Paris dans les années 1890, comme Wagner, Baudelaire, Mallarmé et Rodin qui n'ont pas bonne presse.

Mais son oeuvre la plus connue reste le roman "Bruges-la-Morte". De santé précaire, il s'étaient à l'âge de 43 ans en 1898. Il repose au cimetière du Père Lachaise à Paris.

mercredi 16 novembre 2016

Les éditions Mijade

Fondée en 1993 par Michel Demeulenaere et publiant des albums pour petits et des romans pour grands enfants, la maison d'édition belge Mijade (www.mijade.be) complète son catalogue depuis 2007 en accueillant les départements de littérature jeunesse de Memor et Zone J - Espace Nord Jeunesse. C'est un riche héritage qui rejoint à cette occasion l'éditeur namurois.

A la tête des collections de littérature, Muriel Molhant édite des fictions d'auteurs contemporains belges, dont certains sont reconnus en littérature pour adultes :  Frank Andriat, Pierre Coran, Armel Job, Nadine Monfils, Eva Kavian ou Xavier Deutsch. Sur son site Internet, Mijade propose de nombreux documents pédagogiques à destination des professeurs, afin de les inciter à favoriser une littérature "nationale".

Xavier Deutsch - qui publie son premier roman en 1989 chez Gallimard - a également vu certains de ses textes édités à L'Ecole des Loisirs, et privilégie depuis quelques années Mijade :  "Tombé du camion", "Onze!", p.ex.

Ecrivain, réalisatrice et critique littéraire, Nadine Monfils a écrit trois livres chez Mijade, dont deux spécifiquement destinés aux adolescents :  "Nickel Blues" et "Les fleurs brûlées". Ce sont deux enquêtes captivantes appréciées par les jeunes pour leur suspense.

"Ma mère à l'Ouest" est un roman d'Eva Kazian dans lequel la toute jeune Sam, enceinte à dix sept ans, dévoile son histoire familiale. L'auteur y aborde les thématiques des relations familiales, des jeunes mères et de la maladie mentale.

C'est Frank Andriat, enseignant à Schaerbeek, qui publie le plus chez Mijade :  "Le journal de Jamila" (journal d'une jeune fille issue de l'immigration marocaine), "Tabou" (sur l'homosexualité), "Je t'enverrai des fleurs de Damas" (sur la guerre), p.ex. Ses livres sont autant de manières d'entamer le débat chez les adolescents, et sont très utilisés en milieu scolaire.

mercredi 9 novembre 2016

"Je sais pas" (Barbara Abel)

                                                       Couverture du livre Je sais pas      

A l'occasion de la sortie de son roman "Je sais pas", l'auteur belge Barbara Abel s'est confiée au groupe Vers l'Avenir :

"Pourquoi dites-vous qu'il vaut mieux ne pas tout savoir?
- Parce qu'il y a des choses qui font mal, des événements dont on est victime, des émotions auxquelles on n'a pas envie d'être confronté... Donc, oui, le fait de savoir, à un moment, fait qu'on n'est plus innocent. Mais pour commettre un délit ou un crime, je pense qu'il faut une volonté délibérée alors qu'on peut aussi faire mal à quelqu'un sans le savoir. Ou le vexer par ignorance ou par manque de tact. Il y a une différence.

- A la dernière page du livre, le lecteur aussi peut se dire "Je sais pas" par rapport à certains personnages?
- Dans un roman qui s'intitule "Je sais pas", je me suis dit que j'avais le droit de dire "Je sais pas" ce qui leur est réellement arrivé. Mais j'en ai parlé avec mon éditrice parce que je n'aime pas çà, quand l'auteur ne donne pas certaines réponses. Parce que c'est un peu trop facile, je trouve. Du coup, je donne quand même une réponse importante sur Mylène à la fin.

- Dans ce livre comme dans les autres, vous fouillez loin dans les relations de couple, parent-enfant?
- Mes histoires, c'est toujours des gens ordinaires que je mets dans des situations extraordinaires. Qu'est-ce qui est important dans la vie des gens comme vous, comme moi? C'est le couple, c'est les gosses, c'est le boulot. Donc, si je veux créer de la tension chez le lecteur, pour qu'il soit complètement partie prenante, il faut qu'il puisse s'identifier. Donc, je dois fouiller en profondeur.

- Comment vous est venue l'idée de ce roman?
- D'habitude, ce sont les enfants qui sont en danger, pour qui on tremble. Ici, je me suis dit : et si je faisais le contraire? Si je mettais la vie d'une adulte dans les mains d'une enfant? Mais il fallait une enfant très jeune pour ne pas qu'il y ait cette notion de responsabilité, même si à 5 ans, on a forcément des notions de bien et de mal. Je voulais aussi mettre en avant cette impuissance de l'adulte face à un enfant qui refuse de lui répondre. Quand Emma dit qu'elle ne sait pas, qu'est-ce que vous voulez y faire? Si elle ne veut pas parler, on ne peut rien faire...

- Y aura-t-il un troisième volet aux romans "Derrière la haine" et "Après la fin"?
- Peut-être mais il faut que j'aie une idée aussi forte que "Derrière la haine". Si je fais un troisième qui se termine de façon bof, on ne va plus aimer les deux autres. Ou alors j'ai l'idée géniale où je suis sûre de moi et je fonce, mais tant que je n'aurai pas çà, je ne ferai rien parce que, sinon, çà va desservir les deux autres. Il faut trouver une fin surprenante mais crédible. Et qui fasse fin, qu'on ne me réclame pas un quatrième. Donc, c'est un peu la quadrature du cercle...".

mercredi 26 octobre 2016

Les 5 ans de la collection Plumes du Coq

Plumes du coq

Après avoir exercé le métier d'imprimeur, Olivier Weyrich lance en 2002 une maison d'édition qui porte son nom, et l'implante chez lui à Neufchâteau en province du Luxembourg. Le succès est au rendez-vous et l'entreprise emploie aujourd'hui sept salariés. Il commence par l'édition de beaux livres et d'ouvrages pratiques, mais il confie que "j'ai réalisé qu'il me fallait une collection littéraire pour être reconnu comme éditeur".

La collection "Plumes du Coq" est dirigée par un triumvirat composé d'un éditeur (Olivier Weyrich) et de deux directeurs de collection (Christian Libens et le regretté Alain Bertrand, remplacé ensuite par Frédéric Saenen).

Christian Libens explique à la revue "Le Carnet et les Instants" :   "Nous publions de la littérature générale ayant pour spécificité des décors totalement ou partiellement enracinés en Belgique francophone. Nous ouvrons une fenêtre aux auteurs d'ici et maintenant". Frédéric Saenen rajoute : "Nous publions de la littérature qui s'assume comme ancrée, située dans des territoires qui n'ont pas toujours auparavant été valorisés ni considérés comme un cadre digne de ce nom pour le roman. Mais écrire une histoire qui se passe en Belgique n'est pas un sésame. L'exigence littéraire prime : ce que nous recherchons, c'est l'affirmation d'une parole originale, dans un cadre wallo-bruxellois".

Que trouve-t-on dans le catalogue de la collection "Plumes de Coq"?   "Les étoiles de l'aube" (Bernard Gheur), "La malédiction de l'abbé Choiron" (Armel Job), "La danse de Pluton" (Frédéric Saenen), "La forêt d'Apollinaire" (Christian Libens), "Ma mère, par exemple" (André-Joseph Dubois), "Le grand cerf" (Nicolas Marchal), "Chaussée de Moscou" (Xavier Deutsch), "La promesse d'Almache" (Alain Dantinne), etc.

Personnellement, j'ai lu trois livres de cette collection :

- "Le lait de la terre" (Alain Bertrand) :  http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2013/01/le-lait-de-la-terre-alain-bertrand.html

- "L'été sous un chapeau de paille" (Alain Bertrand) :   http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2014/07/lete-sous-un-chapeau-de-paille-alain.html

- "L'Enfance unique" (Frédéric Saenen) :   http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2017/07/lenfance-unique-frederic-saenen.html

Et c'est "L'été sous un chapeau de paille" qui est mon préféré parmi ces trois livres.

La plupart des titres de la collection s'écoulent à 400 ou 500 exemplaires, à l'exception du livre "Les étoiles de l'aube" de Bernard Gheur qui a eu plus de succès et obtiendra le Prix des Lycéens de Littérature. Olivier Weyrich explique :   "Economiquement, la collection n'a pas un véritable impact sur la maison d'édition. On arrive juste à l'équilibre, atteint grâce aussi à l'aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles. "Plumes de Coq" valide par son existence les autres ouvrages publiés chez Weyrich. Grâce à la collection, nous sommes reconnus comme une véritable maison d'édition".


mercredi 19 octobre 2016

Interview d'Eric-Emmanuel Schmitt

Eric-Emmanuel Schmitt Portrait

Fin septembre, l'écrivain belge Eric--Emmanuel Schmitt a répondu aux questions du journaliste Raphaël Morata pour le magazine "Point de Vue" :

"Maintenant que vous vous faites interviewer par le héros de votre propre livre, vous rendez la vie difficile aux journalistes qui viennent vous voir...
- Disciple de Diderot, j'aime le jeu littéraire. Augustin, le héros du roman, voulait rencontrer un passionné des religions. Je n'allais pas laisser ma place à un autre. Il y avait cependant un piège, celui de la complaisance. Soit dire trop de bien de soi, soit dire trop de mal, ce qui est la même chose. Mais dans le regard bienveillant d'Augustin, je me suis trouvé sympathique.

- Doit-on prendre pour argent comptant toutes les affirmations de votre double littéraire :
- Je n'ai travesti, "proustianisé", que le village où j'habite en Belgique, en le baptisant Guermanty. Sinon tout ce que Schmitt affirme (j'ai l'impression de parler comme Alain Delon!) est authentique. Je me suis même surpris à distiller quelques confidences. Toutefois, je pense que l'écrivain doit garder certains secrets. Car de littéraire, on risque de finir dans le littéral.

- Vous n'auriez pas pu faire cet exercice à vos débuts?
- Jeune, en quête de reconnaissance, vous êtes plus en démonstration de vous-même que vous-même. On en fait toujours trop, et on s'éloigne de soi. Avec le temps et au fil des succès (et fort heureusement pour moi, je l'ai eu très rapidement), vous vous débarrassez de ce fardeau. Du coup, vous poussez le bouchon toujours un peu plus loin, dépassant les limites avec audace, insolence et folie.

- Votre roman débute comme une comédie fantastique, puis brusquement, un attentat islamiste à Charleroi survient...
- J'ai voulu retrouver cet état de sidération qui nous a tous frappés lors du drame du Bataclan. J'ai d'ailleurs pris la plume pour écrire ce roman au lendemain de ce drame effroyable. Je ne voulais pas décrire, mais comprendre l'irruption de la violence dans nos existences. La vie est une tragédie. Inutile d'écrire des tragédies. N'en rajoutons pas.

- Pensiez-vous que la Belgique pouvait, elle aussi, être frappée par le terrorisme?
- A entendre le juge antiterroriste belge, c'était impossible. On ne brûle pas la maison dans laquelle on habite... Etre le "nid" des terroristes, nous protège... Quelle complaisance! Comme disait le général de Gaulle, "On ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens".

- Comment avez-vous vécu les attentats de Bruxelles de mars 2016?
- Ce furent des heures atroces. J'avais des proches à l'aéroport de Zaventem. Ils se sont envolés quinze minutes avant l'explosion. La personne qui les a enregistrés est morte. J'ai su qu'ils allaient bien après de longues minutes d'une angoisse extrême.

- Au fil de l'écriture, avez-vous eu l'impression d'être rattrapé par l'actualité?
- Quand on a compris le principe du terrorisme, on devient très vite Cassandre. Cela m'a frappé quand j'ai appris, cet été, l'exécution du père Hamel. L'attentat dans mon livre se passe à la sortie d'une église...

- Pourquoi avoir choisi Charleroi comme décor de votre livre?
- Ce n'est pas une ville symbole comme Paris ou Bruxelles. Pour moi, c'est la vie quotidienne de gens modestes. Y faire naître un sentiment de terreur m'est insupportable. J'aime les Carolos, ses habitants. Ils sont à l'image de la juge Poitrenaud de mon roman. Une Poelvoorde au féminin, qui passe du coq à l'âne, du sublime au trivial. Le "tout droit dehors", comme on dit en Belgique.

- Cette juge s'exclame d'ailleurs à un moment du livre : "Il faut foutre en examen le Dieu d'aujourd'hui".
- Face à tant de violences, on peut se poser la question d'un Dieu cruel. En tant qu'agnostique croyant, je ne peux apporter une réponse définitive. J'habite l'ignorance avec confiance. La foi n'est pas une manière de connaître, mais une manière de vivre l'ignorance. Le fanatisme religieux, c'est la surcompensation du doute. Ce sont des gens qui veulent avoir des certitudes sur l'existence de Dieu. Comme je le dis dans le livre, la violence est une maladie de la pensée. Une pensée qui refuse de ne pas savoir.

- L'Eric-Emmanuel Schmitt du livre vit hanté par ses admirations (Diderot, Colette, Mozart, Debussy, Pascal, Charles de Foucauld, etc.). Aucun auteur récent! N'est-ce pas contradictoire avec le fait d'être un nouveau membre de l'Académie Goncourt qui doit s'intéresser à ses contemporains?
- Je suis un "mécontemporain" qui vient juste d'ouvrir la porte en acceptant de faire partie de ce jury. Jusqu'à présent, je ne lisais et relisais que les classiques. C'est ma formation. Je suis entré à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm en latin et en grec. Pour moi, j'étais l'intime de Sophocle et Homère. Le succès m'a appris que j'étais bien de mon époque puisque mon temps me faisait la fête.

- Que vous apportent vos lectures....d'aujourd'hui?
- Elles m'ont permis de comprendre où je me situais dans le monde littéraire. De mieux définir ma singularité, celle de m'être risqué à une écriture fluide et volontairement accessible. La simplicité, ce n'est pas le simplisme. La simplicité, c'est toutes les difficultés résolues. Le simplisme, l'ignorance des difficultés. Mais aux yeux des imbéciles, c'est pareil.

- Vous pourriez écrire autrement?
- J'ai un rapport à la langue d'une grande aisance. Je suis un pasticheur incroyable. Je le dis sans forfanterie. Je peux vous écrire un texte dans n'importe quel style. A Normale sup, j'étais connu pour ce don : je faisais du faux Chateaubriand, du faux Duras, du faux Victor Hugo. Je fais des vers comme je respire. Mais moi, j'écris mes livres dans mon style.

- Votre été n'a pas été en pente douce?
- Un truc de fou. J'avais tout le temps avec moi une valise pleine de livres pour les Goncourt. J'ai joué un mois au Festival d'Avignon "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", et j'allais voir des spectacles pour les acheter et les monter dans mon Théâtre Rive Gauche. Et pour couronner le tout, à la demande de France 2, je suis allé à Rio, comme commentateur décalé des épreuves d'athlétisme des Jeux Olympiques. Je suis le fils d'une championne de sprint.

- "Faire bien, vite et beaucoup : telle est ma devise", dites-vous dans votre livre?
- J'y livre aussi l'un de mes secrets : je vis l'existence d'un être parti trop tôt. Je vis pour deux. Comme un respect de mémoire. Je ne perds pas une seconde, pas une miette... J'ai une sérénité métaphysique, mais j'ai une inquiétude existentielle.

- Avoir un théâtre, c'est aussi beaucoup de stress?
- J'ai pris le risque d'être chez moi parce que je voulais être libre. Cela m'agaçait de devoir appeler les directeurs pour leur vendre mes projets. La liberté, cela coûte cher... Disons des inquiétudes. Mais j'aime le pouvoir d'entreprendre. Je suis entouré d'une équipe formidable. C'est presque une aventure familiale.

- Votre Théâtre Rive Gauche propose "Le Chien"?
- Cette oeuvre a été présentée cet été dans le Off du Festival d'Avignon. Je n'y croyais pas trop. J'avais donné le droit de le faire à deux metteurs en scène parce que j'avais confiance en eux. Mais je n'ai même pas regardé l'adaptation qu'ils avaient tirée de cette nouvelle extraite du recueil "Les Deux Messieurs de Bruxelles". C'est ma préférée, la mieux écrite. J'y suis allé comme tous les spectateurs voir le résultat. Et comme tout le public, à la fin, j'étais debout en larmes. Un gros choc. Une déflagration. Donc, j'ai pris le risque de la monter à Paris.

- Acceptez-vous facilement que l'on s'empare de vos oeuvres?
- Je me souviens d'avoir participé avec Le Clézio à l'émission "Bouillon de culture". Pivot lui demandait si comme moi, il pourrait écrire des pièces de théâtre. Le Clézio avait répondu : "Non, je n'accepterais pas d'être dépossédé de mes textes". C'était très juste. Moi, d'emblée, j'écris pour être dépossédé, pour qu'ils appartiennent au metteur en scène, aux acteurs, à la vie...".

mercredi 12 octobre 2016

Interview de Xavier Hanotte

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A l'occasion de la sortie de son nouveau roman "Du vent", l'auteur belge Xavier Hanotte a répondu aux questions de la revue "Le Carnet et les Instants" (que vous pouvez recevoir gratuitement par courrier sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles) :

"Pourquoi ce délai plus long que d'habitude entre la parution de "Des feux fragiles dans la nuit qui vient" et "Du vent"?
- Une première raison est d'ordre physique. J'ai connu des ennuis de santé qui ne me permettaient pas de me concentrer comme j'en ai l'habitude sur l'écriture d'un roman. Mais il y avait aussi des raisons liées à la création. Avec "Des feux fragiles", j'étais arrivé au bout d'un cycle. Ce livre, j'y avais pensé avant même d'écrire "Manière noire". C'était en quelque sorte mon premier roman à retardement, advenu après tous ceux qu'il avait inspirés. Et donc, après "Des feux fragiles", je me suis posé la question s'il ne fallait pas songer à renouveler ma manière d'écrire. Tout en me disant que je le ferais uniquement si j'en ressentais le besoin. Aucune angoisse là-dedans, mais une interrogation sans doute classique : est-ce que j'ai encore quelque chose à dire et comment? Mes problèmes de santé s'y sont ajoutés. Pour cette raison, relancer la mécanique s'est avéré plutôt compliqué. Après "Des feux fragiles", j'avais d'ailleurs embrayé sur autre chose :  un petit roman qui reprenait Barthélemy Dussert et Trientje là où je les avais laissés à la fin du "Couteau de Jenufa". Le titre provisoire était - et est toujours - "Un parfum de braise". Quelques pages existent et je compte bien m'y remettre, car "Du vent" est bouclé depuis octobre 2015 et l'envie est là.

- Qu'est-ce qui a déclenché la rédaction de "Du Vent"?
- Je m'en suis rendu compte a posteriori. Au départ, il y a un minuscule passage que l'on trouve dans "De secrètes injustices". Le commissaire Delcominette y relate à ses inspecteurs l'évasion du truand italien Donato. Ce dernier a emprunté l'uniforme d'une infirmière qu'il a ligotée avec de la bande Velpeau. L'inspecteur Marlaire, avec son humour un peu gras et macho, suggère alors de revendre les photos à une revue de bondage pour la caisse des anniversaires. Et bien entendu, Trientje ne sait pas de quoi il s'agit. Bon, soyons clairs, le bondage ne me fascine pas spécialement. Mais puisqu'il existe, quelle histoire raconte-t-il? Aucune puisqu'il neutralise tout. C'était donc un défi de narration. Si le personnage ligoté est immobile, l'intrigue aussi! Si Bénédicte Gardier ne peut pas bouger, comment faire évoluer son histoire? Donc, puisque j'aime les paradoxes, je me suis amusé à introduire une dimension de suspense dans une situation qui, a priori, ne l'autorisait pas. Je me disais aussi qu'il fallait introduire une touche d'humour, utiliser la qualité parodique du bondage tel qu'on en voyait dans presque tous les films d'espionnage des années 1960. Je me souviens qu'alors j'avais du mal à y croire - comme Jérôme Walque - tant les nœuds de cinéma semblaient aussi lâches que les scénarios... Bref, comment tirer tout ce qu'il y avait à tirer d'une situation par définition assez pauvre? Autre aspect encore : je voulais écrire en proscrivant toute vulgarité alors que le sujet semblait plutôt trivial. Encore un défi amusant. Et puis, on m'a tellement répété qu'il n'y avait jamais de sexe dans mes bouquins... Et bien, il n'y en a pas davantage dans "Du vent"...malgré son sujet!

- Mais le livre comporte également le roman sur Lépide. D'où vous est venue cette idée de lui consacrer un texte?
- Il s'agit d'une idée très ancienne. Adolescent, j'étais fasciné par un certain théâtre, celui de Giraudoux ("La Guerre de Troie n'aura pas lieu"), de Camus ("Caligula") ou de Montherlant ("La guerre civile"). L'envie est alors née d'investir moi-même l'Histoire et de lui faire dire quelque chose qui me soit personnel. Et Lépide m'intéressait de longue date, parce que c'est un personnage très méconnu. Ceux qui s'intéressent à l'histoire romaine et au second triumvirat retiennent Octave et Antoine. Ils oublient Lépide, ou se contentent de très peu. Voire divaguent. Je voulais rendre justice à un personnage que je puisse aussi, au même moment, "remplir". Du coup, puisqu'il écrit les deux récits en simultanéité (celui de Bénédicte Gardier et celui de Lépide), Jérôme Walque doit jongler avec des registres différents, voire opposés. Jusqu'à découvrir, par moments, que les extrêmes peuvent se rejoindre...

- Quelle image voulez-vous donner du personnage de Lépide?
- Lépide est un homme de bonne volonté, il cherche le mythique "juste milieu". Ce personnage tend aussi à une certaine intégrité morale, tout en connaissant ses faiblesses. La noblesse de sa famille l'obsède. Elle peut faire de lui un être parfois méprisant, mais elle lui impose aussi de se montrer à la hauteur. Pour Lépide, Antoine n'est qu'un vulgaire parvenu. Quant à Octave (le futur Auguste), Lépide n'oublie jamais que son vrai père est un usurier de province. Autrement dit, Lépide n'est en rien un personnage idéal, mais un homme qui veut bien faire et possède un sens inné de la chose publique. C'est aussi, avant tout, un homme de modération. Si la République ne fonctionne plus, il estime qu'elle ne doit pas pour autant disparaître. Il va donc tenter de concilier Antoine et Octave qui, chacun à leur manière, représentent une facette de Rome qui se prépare, où le pouvoir ne va pas sans violence. Mon Lépide combine donc vanité et responsabilité. Il croit en la parole et, surtout, en l'intelligence. En quoi il est un homme du passé, que la violence va emporter. Car voilà un général dénué de goût pour la guerre et les armes....dont tous les succès reposent sur son art de la négociation. En corollaire, il revendique un certain goût pour l'ombre, parce qu'il a le sentiment fort de n'être que le maillon d'une chaîne. Au pouvoir politique, il finira par préférer la responsabilité de Grand Pontife. Ce qui facilitera son départ du pouvoir, qu'il abandonne peut-être davantage qu'Octave ne le lui prend. En tout cas, il ne veut et ne peut entrer sans peine dans une logique de confrontation avec ses adversaires. Cela finit par caractériser son rapport problématique avec le pouvoir qu'il exerce. Quand Octave le brave en venant haranguer ses propres légions, Lépide pourrait intervenir mais il ne se montre pas et refuse de faire couler le sang. Au lieu de cela, il sort du jeu. A la fin de leur entrevue, quand Octave se vante de lui avoir retiré le pouvoir, Lépide affirme : "Le pouvoir, Octave, c'est du vent!". Ce à quoi le futur empereur répond : "Le vent, Lépide, souffle où il veut".

- Il y a aussi le roman qui raconte comment Jérôme Walque écrit le récit qui met en scène Bénédicte Gardier?
- L'ambition de Jérôme Walque est d'abord et avant tout d'écrire un roman sur Lépide. Mais entretemps, il se voit obligé d'écrire ce roman louchant vers le bondage, pour dépanner Jérémie, son ami qui est lui aussi écrivain. Il écrit donc deux chapitres et croit qu'il pourra s'arrêter là et passer le témoin à Jérémie. Du coup, il ne s'investit pas dans ce texte, l'écrit presqu'en esthète curieux. Par douce vengeance, il met même le personnage de Bénédicte dans une situation inextricable. Mais voilà que de façon parfaitement inattendue, il est appelé à continuer la rédaction et doit trouver une issue au problème qu'il a lui-même créé. A tous les niveaux et sur tous les registres, la question de la responsabilité constitue un des enjeux du livre : celle du pouvoir pour Lépide et celle de l'écriture créatrice pour Jérôme. Le contraste se marque d'autant plus que Jérôme doit mener de front deux types d'écritures très différentes". 




mercredi 21 septembre 2016

L'auteur Jef Geeraerts (1930-2015)

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L'écrivain belge Jef Geeraerts est né le 23 février 1930 à Anvers, où il a effectué ses études secondaires puis étudié à l'Ecole Coloniale d'Anvers de 1948 à 1952. A son retour d'Afrique, il entreprend des études de philologie germanique à l'Université Libre de Bruxelles.

En 1968, Jef Geeraerts a publié son roman colonial le plus controversé, "Black Venus", le premier livre de la série de quatre "Gangreen", un récit plein de sexe et de violence. Cet acte d'accusation contre les pratiques coloniales belges, basé sur des faits autobiographiques, donne l'image d'une personne détraquée. Le roman a été temporairement saisi mais les trois autres suivirent malgré tout. Jef Geeraerts a également écrit des reportages, des pièces radiophoniques, des essais et des nouvelles.

Avec "Kodak 58", Geeraerts introduit en 1979 le roman policier dans la littérature flamande qui l'a conduit en 1985 à son thriller politique le plus connu : "De Zaak Alzheimer" (ce livre a été adapté en 2003 par Erik Van Looy avec Jan Decleir dans le rôle principal). Son dernier roman policier, "Cro-Magnon", a été publié en 2006. Plusieurs de ses livres ont été traduits en français.

En 1978, Jef épouse sa muse Eléonore Vigenon qui a publié en 2007 "De spoken van Jef Geeraerts" sur la vie et l'oeuvre de son mari. Elle décède un an plus tard en 2008.

Jef Geeraerts a transmis une grande partie de son héritage littéraire à la Letterenhuis (le musée et les archives de la littérature flamande de Belgique), où il est accessible au public. On y trouve notamment des textes manuscrits d'oeuvres inconnues et non publiées (dont son dernier roman inachevé, "De Zwarte Vogel"), une importante correspondance avec des écrivains, associations et éditeurs, des souvenirs des nombreux voyages de l'auteur, etc. L'étude de cette collection offre un regard sur la littérature et la vie durant les turbulentes années 60, caractérisées par la censure, la libération (littéraire) et une partie du passé colonial. Les scientifiques peuvent consulter les travaux préparatoires de Geeraerts pour ses thrillers à succès et comment sont établies les adaptations d'une oeuvre littéraire ou comment un écrivain, après de nombreuses écritures et ratures, arrive à son roman final.

L'écrivain belge Jef Geeraerts est décédé le 11 mai 2015.

mercredi 14 septembre 2016

"L'homme qui voyait à travers les visages" (Eric-Emmanuel Schmitt)

                                        L'homme qui voyait à travers les visages
A l'occasion de la sortie de "L'homme qui voyait à travers les visages" (éditions Albin Michel), l'auteur belge Eric-Emmanuel Schmitt a répondu aux questions du groupe Vers l'Avenir :

"Votre histoire débute par un attentat à la sortie d'une église à Charleroi. C'était presque prémonitoire?
- Depuis des années, je m'interroge sur les liens entre la violence, le sacré, Dieu. Les événements de Paris en janvier et novembre 2015, puis de Bruxelles m'ont sidéré. Ce terrorisme m'a coupé la parole, figé émotionnellement. J'ai voulu sortir pour comprendre. J'ai écrit ce roman parce qu'il y a deux réponses contre lesquelles je m'insurge :  l'athéisme intégral ou le salafisme pour tous. Je voulais m'interroger sur la pertinence des religions dans nos sociétés.

- Violence et religion ont souvent été de pair?
- La religion la plus forte impose sa violence car elle se sent faible. Mais la religion elle-même produit-elle nécessairement de la violence? Il me semble que non. Pour moi, les religions parlent d'abord d'entraide, d'harmonie et veulent justement éviter la loi du plus fort par la compassion dans l'hindouisme, le respect dans le judaïsme ou encore l'amour chez les chrétiens. Les civilisations se sont développées avec les religions.

- Pour vous, Dieu n'est pas responsable?
- Dieu a fait l'homme libre. Mais il nous a donné trois livres pour susciter la réflexion. Des livres humanistes et non théologiques. L'homme est responsable de l'homme et de Dieu.

- Mais il continue de tuer au nom de Dieu?
- Je pense que çà n'a rien à voir avec la religion. La violence est une maladie de la pensée qui refuse l'incertitude. L'intégriste ne supporte pas de ne pas savoir. Il veut croire qu'il sait. Il refuse la condition humaine.

- Pourquoi un roman plutôt qu'un essai?
- Personne ne lirait un essai sur ce thème. Ici, par ce roman, je vais amener des tas de gens à réfléchir sur le sujet.

- Et pourquoi Charleroi?
- On parle mieux de ce qu'on connaît et de ce qu'on aime. Mais j'ai l'amour lucide. Charleroi n'est pas la plus belle ville du monde, et ce n'est pas la société la plus égalitaire de Belgique. Mais c'est une ville qui ressemble à tellement d'autres en Europe :  des endroits de vieille industrialisation qui essaient de s'en sortir. Ce que j'aime à Charleroi, ce sont les gens. La juge Poitrenot, une des héroïnes du roman, c'est un pur personnage de Charleroi, sans filtre!

- Depuis janvier, vous faites partie de l'Académie Goncourt?
- C'est passionnant de lire ses contemporains, c'est une fenêtre ouverte sur le monde littéraire. Tout comme j'apprécie vraiment de retrouver chaque mois les autres membres de l'Académie Goncourt pour parler littérature. L'écrivain est généralement centré sur son nombril. Et tout à coup, on me demande de me passionner pour les livres des autres. Ca fait du bien! Les éditeurs font naturellement un premier choix :  ils savent que tous leurs titres ne peuvent concourir. Puis, chacun va vers ce qui l'attire et on s'échange des mails tout l'été. Notre première sélection retient 16 romans. On y retrouve huit titres qui ont fait l'unanimité parce que nous les avions tous lus. Les huit autres, certains les avaient lus et d'autres pas, mais ceux qui l'avaient fait estimaient qu'ils devaient l'être par tous. La seconde sélection aura lieu le 4 octobre".

Cliquez ci-dessous sur "Schmitt Eric-Emmanuel" pour retrouver mes autres articles consacrés à cet auteur.

samedi 3 septembre 2016

"Riquet à la houppe" (Amélie Nothomb)

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  La fin du mois d'août rime chaque année avec la sortie du nouveau livre de la baronne Amélie Nothomb. Celui de 2016 s'appelle "Riquet à la houppe", toujours publiés par les éditions Albin Michel. Je ne l'ai pas encore lu, mais je vous propose de consulter le compte-rendu de notre amie bloggeuse Apolline :   http://editionsdelermitage.skynetblogs.be/archive/2016/06/29/riquet-a-la-houppe-8624216.html . Et pour retrouver d'autres articles consacrés  à cet auteur belge, il suffit de cliquer ci-dessous sur "Nothomb Amélie".

























               

mercredi 24 août 2016

Saison 2016/2017 de la Maison de la Poésie à Namur

Située dans le charmant quartier du Vieux Namur, la Maison de la Poésie (www.mplf.be) organise régulièrement des activités qui touchent de près ou de loin à la poésie, la littérature et la langue française :  conférences, spectacles, concerts, rencontres littéraires, ateliers, activités pédagogiques, etc. Elle possède également un Centre de Documentation Poétique, unique en Wallonie. Ses activités sont soutenues par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Ville de Namur et la Province de Namur. Pour plus de renseignements, vous pouvez les contacter via leur site Internet ou du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 13h30 à 16h30 au 081/22.53.49.

Leur rentrée culturelle aura lieu les 10 et 11 septembre, en collaboration avec d'autres partenaires culturels namurois (Musée Félicien Rops, la citadelle, le théâtre, le Musée des Arts Anciens du Namurois, p.ex.). Au programme de leur saison 2016/2017, épinglons les 20 ans de la Maison du Conte de Namur (samedi 10 septembre), une conférence "La guerre du nénufar n'aura pas lieu" par Michèle Lenoble-Pinson (jeudi 13 octobre), un hommage au poète belge Jacques-André Saintonge à l'occasion des 50 ans de son décès (jeudi 10 novembre), le Marché de la Poésie (samedi 19 et dimanche 20 novembre), un récital "Verhaeren, lumière et obscurité" par l'Ensemble poétique du Conservatoire Royal de Bruxelles (25 novembre), etc. etc.

mercredi 17 août 2016

Décès de Françoise Mallet-Joris

Après le décès de Liliane Wouters, le monde littéraire belge est à nouveau en deuil en 2016 :  la romancière franco-belge Françoise Mallet-Joris est décédée ce week-end, à l'âge de 86 ans. Née le 6 juillet 1930 à Anvers, elle est la fille de Suzanne Lilar (première femme avocate de Belgique) et Albert Lilar (ancien ministre belge de la Justice). A 15 ans, elle publie ses premiers textes (Les poèmes du dimanche) à Bruxelles. En 1951, elle fait une entrée fracassante sur la scène littéraire lorsque les éditions Julliard publient son ouvrage "Le rempart des béguines" sous son nom de plume, Françoise Mallet-Joris. Il crée le scandale car il raconte la passion amoureuse entre une adolescente et la maîtresse de son père.

Près d'une trentaine d'autres livres suivront, publiés par des maisons prestigieuses comme Julliard, Grasset, Gallimard et Flammarion, et accumule les prix et les honneurs. Elue au jury Femina en 1969, elle n'y fait qu'une apparition car elle devient membre de l'Académie Goncourt en 1971. Elle en restera membre jusqu'en 2011, et s'opposera notamment à l'attribution du prix à Michel Houellebecq. Françoise Mallet-Joris était aussi membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique depuis 1993. Elle y occupait le siège de sa mère Suzanne Lilar, autre grande féminine des Lettres belges francophones.

Mariée trois fois, mère de quatre enfants, elle avait aussi vécu une relation amoureuse avec la chanteuse Marie-Paule Belle et lui avait écrit le texte de sa célèbre chanson "La Parisienne". Son dernier roman, "Ni vous sans moi, ni moi sans vous" est sorti en 2007 aux éditions Grasset. Bénéficiant de la double nationalité, elle vivait ces dernières années en Belgique, mais elle avait rejoint la France début 2016 pour des raisons de santé.

mercredi 3 août 2016

"Jolie libraire dans la lumière" (Frank Andriat)

                                                    Jolie libraire dans la lumière

L'écrivain belge Frank Andriat a écrit un bel hommage à la littérature et aux liens puissants qui peuvent se créer entre les passionnés de livres (libraires, éditeurs, lecteurs, p.ex.). Tout commence dans une librairie où Maryline tombe sur une quatrième de couverture dont le récit ressemble à un épisode tragique de sa vie (le décès accidentel de son frère). Sa lecture l'amène à se poser de nombreuses questions dont seule une rencontre avec l'auteur pourra apporter des réponses....pleines de surprises. Et parallèlement, l'amour s'invite aussi dans la vie de cette jeune mère célibataire qui confiait "L'amour des livres me rend heureuse" ...

Frank Andriat écrit au sujet d'un personnage du roman :   "Le soir, il retrouve, près de sa bibliothèque, un coin paisible éclairé par une lueur discrète et il s'y recroqueville avec un livre. Puisqu'il vit seul, il lit beaucoup et ses collègues le charrient souvent à ce propos. Ils ne peuvent pas comprendre. Il leur répond, avec un sourire, qu'il attend la fin du jour pour embarquer dans la lumière. Ceux qui ignorent la puissance des livres haussent les épaules. Un livre, ce n'est pas la vie et rien ne vaut un verre de bière accompagné d'une blague épaisse! On saisit le bonheur où l'on peut. Lui, l'employé des chemins de fer, s'abstrait de son existence de gratte-papier avec les mots de ces gens qui inventent des mondes. Grâce aux livres, il déraille. Avec bonheur".

Sur le métier de libraire, l'auteur écrit :  "Elle est enchantée, car, souvent, elle connaît les clients qui se parlent et elle sait qu'hormis ce livre sur lequel ils viennent de poser leur dévolu, rien n'aurait jamais dû les rapprocher, les rendre curieux l'un de l'autre. Après leur achat, certains quittent la librairie ensemble, devisant comme s'ils se fréquentaient depuis longtemps. Elle rit alors à l'intérieur, là où çà crée comme une vague. Ces échanges justifient son métier. A elle aussi il est arrivé de s'intéresser à une oeuvre perdue dans la masse, un livre qui lui avait échappé et sur lequel la rencontre de deux clients a attiré son attention. Lorsque çà survient, le soleil descend derrière la vitre, s'incruste dans les rayonnages, même les soirs noir hiver ou ocre automne".

mercredi 27 juillet 2016

Eric-Emmanuel Schmitt décoré par le Roi

              Eric-Emmanuel Schmitt Portrait

A l'occasion de la fête nationale 2016, le Palais a annoncé que le Roi avait décidé de nommer l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt (né en 1960) Commandeur de l'Ordre de la Couronne. La décoration devrait lui être remise personnellement par les souverains dans les prochains mois. Rappelons qu'Eric-Emmanuel Schmitt vit depuis une dizaine d'années dans notre pays, qu'il avait obtenu la nationalité belge en 2008, et qu'il est membre de l'Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique depuis 2012. Ajoutons qu'il fait désormais partie depuis 2016 du jury du célèbre Prix Goncourt.

Cliquez ci-dessous sur "Schmitt Eric-Emmanuel" pour retrouver mes articles consacrés à ses livres.

mercredi 20 juillet 2016

Confidences d'Armel Job

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A l'occasion de la sortie de son 20ème livre, l'auteur belge Armel Job s'est confié à la revue "Le Carnet et les Instants".

Sur son début de carrière littéraire :  "J'ai commencé à écrire en vue de la publication relativement tard puisque je ne suis publié que depuis 1995. J'avais 47 ans. Jusqu'alors, la plume me démangeait, mais je n'avais jamais pensé qu'un jour, je pourrais être édité. Comme professeur, j'avais l'impression d'être productif dans la sphère des idées, de la création, de l'écrit. Comme directeur, quelque chose me manquait et, dès lors, j'ai tenté ma chance chez des éditeurs. Je ne me suis pas mis à écrire tout à coup à 40 ans, j'avais déjà une passion pour l'écriture, mais quand j'ai entamé "La reine des Spagnes", c'était avec le projet de présenter le manuscrit à un éditeur. Denys Pryen, le directeur des éditions L'Harmattan, était séduit par les références au monde rural wallon, il y trouvait une touche originale. Mon travail lui évoquait son enfance".

Sur l'Ardenne au centre de son oeuvre :   "C'est une drôle de question ; on la pose rarement à un auteur français qui situe ses livres à Paris. Ce choix est simplement lié au fait que je suis un auteur belge qui vit en Ardenne. Je trouve naturel de situer mes romans dans des lieux que je connais le moins mal. Cette question est peut-être typiquement belge car très longtemps, nos auteurs ont répugné à situer l'action de leurs livres en Belgique, comme si elle n'était pas digne d'accueillir leur narration, avec la crainte d'être catalogués comme auteurs régionalistes. Du fait que nous utilisons la langue du voisin, il y a comme une gêne ou une pudeur à situer nos romans en Belgique. A une époque pas si lointaine, nos auteurs pensaient devoir s'établir à Paris pour connaître le succès. Pour moi, la notion d'auteur belge n'a pas d'importance. Je suis né, je vis et j'écris en Belgique. C'est ma réalité. Au Québec, il n'y a pas cette espèce de gêne qu'ont les Belges vis-à-vis de leur pays. Ils n'hésitent pas à introduire des expressions typiquement québécoises dans leurs livres. Lors d'un entretien sur Radio Canada, l'animateur a montré un intérêt pour ce reflet que mes romans offrent de la Belgique. Et jamais mon éditeur français ne m'a demandé que mes livres se passent ailleurs qu'en Belgique. Au contraire, cela l'intéresse que je parle de la réalité belge. La littérature belge, cela devrait être la littérature qui se passe en Belgique".

Sur ses études et sa carrière d'enseignant des langues anciennes :   "J'ai suivi des études classiques parce qu'elles étaient plus conformes à mes goûts littéraires, et classiques car plus scientifiques. L'influence se marque à deux niveaux :  comme romancier, j'utilise une méthode philologique, l'étude des textes en allant au-delà de leurs apparences, car ces textes appartiennent à un monde éloigné de nous, ce qui nous oblige à une interprétation. Le romancier que je suis adopte une approche similaire. Ensuite, du point de vue de la langue, être obligé de traduire le génie d'une autre langue dans sa propre langue apporte énormément à l'écriture, tant sur le fond que sur la forme. Pendant des années, je me suis creusé la cervelle pour rendre de la haute littérature classique en français, par exemple la brièveté des effets littéraires de Tacite. Chaque année, je m'astreignais à traduire de nouveaux textes avec mes élèves".

Sur le monde rural :  "Plus que rural, le contexte de mes livres est provincial, évoque le monde des petites villes ou des gros villages de province. Je suis intéressé par cet univers car on peut y délimiter plus facilement un microcosme qui se prête mieux à l'observation. Une unité de lieu sur une société délimitée permet plus facilement de l'ausculter sous le microscope, de la disséquer. Encore  une fois, j'essaie d'écrire sur ce que je connais le moins mal. Je ne suis pas un homme de la ville. Je me méfie un peu des intellectuels dans un roman car ils risquent d'y introduire un débat d'idées qui ne concerne qu'une infime partie des lecteurs. Si le romancier observe la société, ce qui est son rôle pour moi, il doit se pencher sur les gens ordinaires qui sont majoritaires. Une tendance des écrivains est d'évoquer leur monde, le microcosme auquel ils appartiennent, avec leurs problèmes spécifiques. Je préfère observer le monde des gens simples, souvent négligé, qui mérite pourtant de figurer en littérature comme n'importe quel autre".

Romans historiques? :  "Non. Je n'écris pas de roman historique comme a pu le faire Alexandre Dumas. Je ne veux pas que le lecteur ait des personnages célèbres comme références. Dans mes romans, l'Histoire est un décor et j'essaie d'aller voir comment des êtres particuliers vont se situer et réagir par rapport à des circonstances historiques. Ainsi, dans "Le conseiller du Roi", je m'intéresse principalement à la vie du personnage central, ses relations avec sa femme, avec sa maîtresse. Quand l'Histoire me sert de référent, je veille néanmoins à ce que les événements soient véridiques. En écrivant "Dans la gueule de la bête", je me suis focalisé sur ces trous de l'Histoire, par le biais de personnages fictifs, pour en reconstituer l'épaisseur humaine. Celle-ci n'a pas de place dans les études historiques, car c'est une science qui ne s'embarrasse pas des individualités".

Sur son dernier livre, "Histoires pas très catholiques" :   "J'ai écrit pas mal de nouvelles dont la plupart sont déjà parues en revues ou en ouvrages collectifs. Celles de ce recueil se situent évidemment en Ardennes et ont toutes un lien avec la religion catholique. Après les avoir un peu retravaillées, j'ai également fait en sorte qu'au moins un personnage croisé dans une nouvelle se retrouve dans une autre.  Je viens d'une époque marquée par une éducation religieuse, rigide, et je suis resté très intéressé par les questions religieuses et éthiques. J'ai écrit une pièce de théâtre intitulée "Le concile de Jérusalem", qui relate la rencontre entre Paul, Pierre et Jacques, le frère du Christ. Elle vient d'être montée par Jean-Claude Idée au Théâtre du Gai Savoir à Liège, à celui de la place des Martyrs à Bruxelles et au Théâtre 14 à Paris. Je voulais montrer des gens vraiment modernes, avec des dialogues musclés".

Cliquez ci-dessous sur "Job Armel" pour retrouver mes autres articles sur cet écrivain belge.

mercredi 13 juillet 2016

La collection Romans de gare

En collaboration avec la SNCB, les Editions Luc Pire ont lancé la collection "Romans de gare" en 2011. Point commun à tous ces ouvrages : ils se déroulent dans une ville belge desservie par une gare (plus d'infos :  http://www.editionslucpire.be/category/livres/romans-de-gare/).

Parmi les titres déjà publiés :

- "Meurtre à Waterloo" de Jean-Baptiste Baronian, éditions Luc Pire, 2011

- "Crime à Louvain-la-Neuve" d'Anouchka Sikorsky, éditions Luc Pire, 2012

- "Le martyr de l'Etoile" (Bruxelles) d'Evelyne Guzy, éditions Luc Pire, 2012

- "Le mystère Curtius" (Liège) de Luc Baba, éditions Luc Pire, 2013

- "Arrête, arrête, tu maitrank!" (Arlon) de Jean-Luc Fonck, éditions Luc Pire, 2013

- "Les dépeceurs de Spa" de Marc Hermant, éditions Luc Pire, 2013

- "La francisque de Tournai" de Jacques Mercier, éditions Luc Pire, 2014

- "La Dyle noire" (Wavre) de Xavier Deutsch, éditions Luc Pire, 2015

- "Le trésor d'Hugo Doigny" (Namur) d'Eva Kavian, éditions Luc Pire, 2015


mercredi 6 juillet 2016

Sommaire de la revue "Le Carnet et les Instants" (n°191)

"Le Carnet et les Instants" est une revue trimestrielle gratuite que vous pouvez obtenir sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (carnet.instants@cfwb.be ou secretariat.promolettres@cfwb.be). C'est Nausicaa Dewez qui en est la rédactrice en chef. Elle est complémentaire de leur site Internet le-carnet-et-les-instants.net

Sommaire du n°191 de la revue "Le Carnet les Instants" (juillet-août-septembre 2016) :

- Editorial "Ecrivain, ce métier" par Nausicaa Dewez

- Dossier "Aperçu du polar belge francophone contemporain"

- Hommage à Liliane Wouters, décédée en février dernier

- Rencontre avec Armel Job à l'occasion de la sortie de son 20ème livre

- Rencontre avec l'artiste et auteur Aurélie William Levaux

- Présentation des Prix littéraires 2016 de la Fédération Wallonie-Bruxelles

- Découverte des rencontre culino-littéraires du "Gout des Lettres" à Néthen

- Interview du scénariste et illustrateur Stibane (alias Luc Van Linthout)

- Présentation du PILEn (Partenariat Interprofessionnel du Livre et de l'Edition numérique)

- Hommage à l'écrivain Marcel Thiry à l'occasion du 100ème anniversaire du corps expéditionnaire belge dont il fit partie


mercredi 29 juin 2016

Prix littéraires 2016 de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Prix du rayonnement des Lettres belges à l'étranger (4.000 euros)
Décerné depuis 1998, ce prix récompense une personne qui, dans un pays étranger, a œuvré à la promotion de la littérature de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce prix est décerné sur proposition de la Commission des Lettres. La lauréate 2016 est Colette Lambrichs pour l'ensemble de son travail. Née en 1946 à Bruxelles, Colette Lambrichs est installée à Paris depuis de nombreuses années. Romancière, essayiste et nouvelliste, elle est directrice littéraire des éditions parisiennes de La Différence depuis 1976. Dans le cadre de son travail d'éditrice, elle a largement soutenu la littérature belge et sa diffusion en France en publiant de très nombreux auteurs belges, poètes ou auteurs de fictions, jeunes créateurs, auteurs confirmés ou écrivains patrimoniaux ("La légende d'Ulenspiegel au pays de Flandre et ailleurs" de Charles De Coster en 2003, "Café Europa" de Serge Delaive en 2004, "Le bleu et la poussière" de Jacques Izoard en 1998, p.ex.).

Prix triennal de prose en langue régionale endogène (2.500 euros)
Tous les trois ans, ce prix récompense un texte en prose rédigé dans l'une des langues régionales de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le jury est composé de membres du Conseil des langues régionales (CLRE) et d'experts. La lauréate 2016 est Rose-Marie-François, romancière, nouvelliste, poète et traductrice. Formée au théâtre, elle dit sur scène ses poèmes et ceux qu'elle traduit. Elle a aussi enseigné dans les universités de Liège (Belgique), Lund (Suède) et Riga (Lettonie). Son livre "Lès chènes" (MicRomania) est un recueil de proses courtes en français et picard. Il traite de la vie quotidienne dans les années 1940-1945 à travers le regard d'une petite fille.

Prix de la première oeuvre (5.000 euros)
Depuis 1998, ce prix récompense, chaque année, un premier ouvrage d'un auteur belge ou vivant en Belgique, de langue française, tous genres littéraires confondus. La lauréate est l'auteur belge Aïko Solovkine, née en 1978. Son roman "Roméo" est sombre et glaçant, autour des jeunes évoluant dans un monde désespéré. Dans une langue riche et poétique, où l'argot côtoie les formulations élégantes, Aïko Solovkine dresse un portrait dur d'une jeunesse désenchantée.

Prix triennal du roman (8.000 euros)
Tous les trois ans, il récompense un auteur pour un roman publié à compte d'éditeur. Le lauréat 2016 est Thomas Gunzig (né en 1970), romancier, nouvelliste, auteur de théâtre, scénariste de film, chroniqueur pour la RTBF et le journal "Le Soir". Son livre "Manuel de survie à l'usage des incapables"  décrit une société où règnent les grands groupes obnubilés par des stratégies de gestion et de marketing. Le ton désinvolte, détaché et absurde tranche avec la vision déprimante de la société dépeinte par l'auteur.

jeudi 23 juin 2016

La littérature belge francophone en classe

En prévision d'un prochain congrès de la Fédération Internationale des Professeurs de Français, une centaine de professeurs ont répondu à un questionnaire (95 professeurs du secondaire supérieur, 12 professeurs du secondaire inférieur, 10 professeurs de l'enseignement supérieur).

Ces enseignant distinguent des auteurs belges liés au "patrimoine" et des auteurs belges de la littérature contemporaine. La frontière n'est cependant pas nette : certains estiment que c'est après la deuxième guerre mondiale, d'autres jusqu'aux années 1980, tandis que des professeurs estiment que la littérature contemporaine englobe des oeuvres du milieu du XXème siècle quand elle relève de la littérature de genre (comme "L'assassin habite au 21" de Stanislas-André Steeman et "Malpertuis" de Jean Ray).

Qui sont les auteurs belges que ces professeurs font lire à leurs élèves?  Parmi les auteurs belges liés au "patrimoine",  Maurice Maeterlinck et Georges Rodenbach se détachent très nettement (tous deux cités 30 fois), suivis par Charles De Coster (cité 14 fois), Emile Verhaeren (cité 13 fois), Camille Lemonnier (cité 12 fois), Marie Gevers (cité 9 fois), Michel De Ghelderode (cité 9 fois), Madeleine Bourdouxhe (cité 8 fois), René Baillon (cité 8 fois) et Jean Ray (cité 7 fois).  Parmi les auteurs belges de la littérature contemporaine,  c'est Armel Job et Amélie Nothomb qui sont les plus lus (tous deux cités 21 fois), suivis par Nicolas Ancion (16 fois), Georges Simenon (cité 13 fois), Thomas Gunzig (cité 12 fois), Jacqueline Harpman (citée 11 fois), Henry Bauchau (cité 8 fois), André-Marcel Adamek (cité 8 fois), les auteurs du Prix des Lycéens (cités 7 fois), Barbara Abel (citée 7 fois).

Jean-Louis Dufays enseigne la littérature à l'UCL et explique les trois plus-values à la lecture d'auteurs belges :

"D'abord, la proximité. Il y a plus de chances que les élèves s'intéressent à la lecture d'une oeuvre si les décors dans lesquels évoluent les personnages, la réalité décrite appartiennent à leur environnement culturel. Ensuite, cela contribue à construire le lien social et culturel. Même si la Belgique, contrairement à la France, peine à se construire une spécificité culturelle, et même si les classes sont de plus en plus multiculturelles, la lecture d'auteurs belges aide à s'interroger sur ce qui fait l'identité des habitants de ce pays, qu'ils soient de souche ou non. Enfin, il y a le côté pratique : les auteurs belges contemporains sont accessibles. Les enseignants peuvent inviter en classe la littérature qui se crée, donner aux jeunes l'occasion de questionner les écrivains, les illustrateurs sur leur pratique. Ils peuvent aussi les emmener voir les créations de ces artistes. Quand on assiste à un spectacle, quand on rencontre un écrivain, il y a une incitation à participer de manière active à la culture d'aujourd'hui, voire à en devenir un acteur, en écrivant, en chantant, en montant sur scène".

Où les professeurs de français recherchent-ils des informations sur la littérature belge?  Ils consultent avant tout la presse écrite ("Le Soir" et "La Libre Belgique"), la radio (La Première) et la télévision (l'émission "Livres à domicile"). Apparaissent ensuite les discussions entre collègues, la revue "Le Carnet et les Instants" (qu'on peut recevoir gratuitement sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles), les réseaux sociaux et les blogs littéraires, ainsi que le Prix des Lycéens.

Propriété de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la collection Espace Nord (www.espacenord.com) rassemble plus de trois cent titres du patrimoine littéraire francophone belge. Ses atouts? Format de poche, prix accessible, dossier pédagogique (renseignements sur la vie de l'auteur, genèse du texte, cadre spatio-temporel, personnages, style, etc.).

Rappelons que les textes légaux n'imposent pas l'étude des auteurs belges en formation initiale. Les enseignants qui les abordent, le font par choix et par goût personnels. Chez les plus petits, plus de 5.000 enfants de 3 à 13 ans ont participé à "La petite fureur", prolongeant la lecture de livres de chez nous par une création. Il y a aussi le projet "Ecrivains en classe" qui permet d'accueillir un auteur ou un illustrateur en classe (du fondamental au supérieur) avec leurs déplacements défrayés.

Si vous êtes enseignant, n'hésitez pas dans les commentaires à nous faire part de vos expériences, suggestions et remarques !



mercredi 15 juin 2016

"Toute une vie d'amour" (Sophie et Jacques Mercier)

                                     

L'écrivain belge Jacques Mercier a choisi d'écrire son nouveau livre avec sa fille Sophie, 47 ans, conseillère conjugale et familiale. Le concept : il raconte la vie d'un couple en fiction, tandis qu'elle analyse l'histoire en fonction de son expérience professionnelle.

Jacques Mercier a confié au groupe Sud Presse :   "On l'a vraiment écrit ensemble. J'écrivais quelques pages et puis on en discutait. J'attendais son retour à elle sur mon texte pour préciser les caractères et écrire la suite. C'était une façon de travailler que je n'avais pas connue jusqu'ici, mais c'était passionnant. Nous avons choisi d'aborder les dix événements qui sont, à peu de choses près, les caractéristiques de ce que vivent tous les couples :  l'arrivée d'un enfant, le vieillissement, le partage des tâches, etc. Je me suis rendu compte que créer ainsi ensemble avec un de mes enfants enrichissait considérablement notre relation. On parle beaucoup plus que dans la vie familiale, et ce sont des conversations bien plus profondes. Nous avons aussi beaucoup pleuré avec Sophie. Parce que le dernier chapitre du livre aborde la disparition d'un des deux membres du couple que nous analysions. Cette fin faisait bien évidemment écho à nos vécus respectifs et Sophie m'a téléphoné en pleurs...  Mais bon, je voudrais insister que ce n'est pas du tout notre histoire que je raconte, mais évidemment, il y a des liens. J'ai trouvé, par exemple, que c'était fort intéressant son regard dans un chapitre intitulé "La Discute", un terme qu'elle a inventé. C'est le mot qui est entre "dispute" et "discussion". Ca, c'est vraiment un truc qui se passe dans tous les couples. Pour moi, plutôt dans le premier que dans le deuxième où c'est toujours fort calme... Mais le ton peut monter, je l'ai vécu, et comment fait-on après? Doit-on s'excuser? Comment s'en sortir? Sophie donne une sorte de recette et son analyse m'a vraiment plu".

Cliquez ci-dessous sur "Mercier Jacques" pour retrouver mes autres articles sur cet écrivain belge.

mercredi 8 juin 2016

Hommage royal au poète belge Emile Verhaeren

En cette année 2016, on célèbre le centenaire de la mort du poète belge Emile Verhaeren, décédé en 1916 à la gare de Rouen en France. Il existe deux musées qui lui sont entièrement dédiés en Belgique :  dans son village natal de Sint-Amands au bord de l'Escaut, et à Roisin où il a passé plusieurs étés avant la première guerre mondiale. Le Roi et la Reine ont tenu à lui rendre hommage à Sint-Amands en visitant son musée et en déposant une couronne de fleurs devant sa tombe. Rappelons qu'Emile Verhaeren était un ami proche du roi Albert Ier et de la reine Elisabeth.

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Exposition "Emile Verhaeren : un poète pour l'Europe" (du 22 mai au 27 novembre 2016)
De son vivant, Emile Verhaeren connut une renommée européenne : ses poèmes furent traduits en plusieurs langues, il faisait des tournées littéraires et comptait de nombreux écrivains et artistes européens parmi ses amis. Indubitablement Verhaeren incarna l'idée d'une culture européenne. L'exposition présente un ensemble de livres rares, d'éditions illustrées, de photos et de documents qui illustrent la dimension européenne du poète. L'occasion de découvrir des oeuvres de Spilliaert, Van Rysselberghe, Masereel, etc. Infos : www.emileverhaeren.be

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mercredi 4 mai 2016

"Le livre magique" (Philippe Desterbecq)




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mercredi 30 mars 2016

"Et je serai toujours avec toi" (Armel Job)

                                                  couverture


Présentation du roman :
Un soir de 1995, Branko, victime d'une panne de voiture, frappe à la porte de la maison de Teresa dans nos Ardennes. Cette jolie veuve d'origine polonaise, fervente catholique, vit avec ses deux fils Tadeusz et André. Branko est un réfugié croate, et s'impose vite comme une aide précieuse pour Tadeusz qui a repris en main la brasserie familiale. Teresa est persuadée que cet homme lui est envoyé par Dieu par son défunt époux pour les aider. Mais un crime est commis, Branko est soupçonné et arrêté, et il apparaît qu'il a commis bien pire lors de la guerre en ex-Yougoslavie...


Confidences de l'auteur :
"Je pense qu'un des rôles du roman, c'est de poser des questions. C'est ce que je fais ici, entre autres sur la notion de justice. Une notion qui prête à interprétation et qui, dès lors, mérite d'être analysée. Ce qui m'a toujours frappé, c'est qu'il y a vraiment deux poids, deux mesures. Si je suis un petit gangster minable qui se fait arrêter, je n'échappe pas à la justice. Mais si je massacre des gens pendant une guerre, il y a très peu de chance, finalement, que je sois condamné. Un tribunal comme La Haye, et comme d'autres auparavant, c'est le gros poisson qui les intéresse. Il faut que la société sache qu'en fait, beaucoup de crimes restent impunis. On peut pardonner mais pas effacer un crime, même Dieu ne peut le faire. Mais je pense que pardonner, c'est donner par-delà. Permettre à un être humain de se rétablir. Teresa ne peut pas dire "Je ferme les yeux" à Branko ; ce serait l'empêcher de renouer avec son humanité. Même le prêtre à qui se confie Branko ne prononce pas le mot "pardon". Il le "délie" de ses pêchés. Une façon d'inciter Branko à continuer à vivre, à regagner peut-être sa dignité. Vous savez, je n'ai rien inventé. Mon roman explore le même thème que "Crime et châtiment" de Dostoïevski. Et la réponse aussi est la même : il vaut mieux assumer".


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mercredi 23 mars 2016

"Elvis Cadillac" (Nadine Monfils)

                                                  


Nouvel éditeur pour l'auteur belge Nadine Monfils :   "J'étais chez Balfond depuis huit ans déjà, j'ai connu trois éditrices différentes, j'y étais même une des plus anciennes auteurs. Après un certain temps, une routine s'installe. Comme dans un couple! Et puis, j'ai beaucoup d'affinités avec Valérie Miguel-Kraak qui est devenue directrice éditoriale chez Fleuve. Elle a été mon éditrice chez Pocket et elle a un vrai regard d'éditrice sur mon travail. Ca me motive énormément. Ce livre, je l'ai vraiment travaillé".


Et nouveau personnage (Elvis Cadillac) :  "J'avais envie de raconter la vie d'un type dont on ne soupçonne pas la richesse intérieure. Il a décidé de monter à la capitale pour sa carrière. Les Marolles, c'est mon quartier préféré de Bruxelles. Mon arrière-grand-mère tenait un magasin de chaussures rue Haute. C'est un quartier qui a beaucoup changé mais qui garde son âme. Entre autres avec des gens comme "Chez Willy", le café où se déroule une partie de mon roman. Ca existe encore, ce sont de vrais Marolliens. On va retrouver Elvis dans d'autres romans. Ici, je pose en quelque sorte le personnage, comme je l'avais fait avec le premier Mémé Cornemuse. Puis, je vais le suivre jusqu'à ce qu'il soit perché sur mon épaule...".


Dans ce premier roman, Elvis se retrouve dans une famille de la haute société, chargé d'animer l'anniversaire d'une vieille dont presque toute la famille attend la mort...ce qui va arriver. Meurtre ou suicide?  Elvis arrivera-t-il à dénouer l'intrigue? 

mercredi 16 mars 2016

"Retour à Domme" (Françoise Houdart)

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L'auteur belge Françoise Houdart vient de présenter officiellement son tout nouveau roman à la bibliothèque de Boussu (commune hennuyère où elle habite) :  "Retour à Domme".  C'est son 17ème roman depuis 1990, tous publiés par les éditions Luce Wilquin ("Je suis fidèle à ma maison d'édition. Luce fait très bien son travail. Et puis, elle est une des rares en Belgique à défendre le roman belge").


Françoise Houdart a expliqué l'origine de son nouveau roman :   "Je racontais à mon petit-fils une histoire lorsqu'un oiseau est venu s'échouer contre une vitre de la véranda. Mon petit-fils était inquiet pour cet oiseau. De ce détail de la vie quotidienne est partie mon histoire. Mon roman raconte le lien entre un petit garçon et sa grand-mère. Une histoire qui débute avec un oiseau mort. La grand-mère fait croire à son petit-fils que cet oiseau va revoler. Il n'en sera rien évidemment, surtout que le petit-fils est conscient de la situation et fera semblant que... Un lien indéfectible sera alors tissé entre ces deux personnages".


Si vous voulez savoir la suite, il vous reste à lire "Retour à Domme"...


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mercredi 9 mars 2016

"Cryogénie" (Geoffrey Van Hecke)

L'an dernier, je vous avais déjà proposé une interview (http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2015/03/interview-de-lauteur-belge-geoffrey-van_11.html) et des extraits des ouvrages (http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2015/03/extraits-des-livres-de-geoffrey-van.html) du jeune auteur belge Geoffrey Van Hecke.


Il vient de sortir son quatrième livre, intitulé "Cryogénie", qu'il dédicacera les 19 et 20 mars prochains au Salon du Livre de Paris. Pour commander ses livres :   www.monpetitediteur.com

mercredi 2 mars 2016

"Guerre et Térébenthine" (Stefan Hertmans)

                                                       


Lors de sa parution en néerlandais en 2013, "Guerre et Térébenthine" a été tiré à plus de 200.000 exemplaires, a valu à son auteur l'équivalent du Goncourt aux Pays-Bas, et a été traduit en 17 langues. Ce sont les éditions Gallimard qui publient sa version française (416 pages).


La genèse de ce livre est émouvante :  peu avant sa mort en 1981, le peintre Urbain Martien remet à son petit-fils Stefan Hertmans deux cahiers qui contiennent le récit de sa vie entamé alors qu'il avait déjà 72 ans. Il met trente ans à les ouvrir, et à en tirer ce livre "Guerre et Térébenthine". Il commence par son enfance gantoise puis par la première guerre mondiale. Urbain se met au service de sa patrie et en revient sergent major couvert de décorations. Mais sa douce et belle fiancée Maria-Emilia décède de la grippe espagnole... Aussi il épouse sa sœur.


Beau travail de devoir de mémoire de la part de Stefan Hertmans!

mercredi 24 février 2016

Les Lundis de la Bibliothèque à Rhode-Saint-Genèse

Cette bibliothèque existe depuis 1938, mais elle connaît une nouvelle impulsion grâce à l'écrivain belge Charles Bertin (membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique) qui crée dans les années 70 une association pour permettre aux francophones de Rhode-Saint-Genèse (commune à facilités en périphérie bruxelloise) de participer à des activités dans la langue de Voltaire. La bibliothèque porte d'ailleurs désormais le nom de cet auteur décédé en 2002 (plus d'infos sur Charles Bertin : www.charlesbertin.be).


Depuis vingt ans, un lundi par mois, la Bibliothèque Charles Bertin invite un écrivain belge (parmi ceux déjà reçus, citons Jacqueline Harpman, Pierre Mertens, Michel Lambert, Jean-Luc Outers, Amélie Nothomb, Caroline Lamarche, Jean-Philippe Toussaint, Xavier Hanotte, Vincent Engel, pour reprendre les plus connus). C'est le scénariste de bandes dessinées Jean Van Hamme qui détient le record de fréquentation avec plus de 100 personnes présentes, ce qui obligea à organiser la rencontre dans la salle des fêtes au lieu de la bibliothèque.


Ces soirées ont été animées successivement par Lilly Dallemagne (jusqu'à son décès en 2004), Monique Lambert (de 2004 à 2014) et par Luc Vandermaelen. Celui-ci confie :  "La littérature, je ne savais trop ce que c'était jusqu'au jour où j'ai lu "Les faux-monnayeurs" d'André Gide. Je n'avais jamais rien lu de tel. A partir de là, j'ai pu commencer à faire la différence entre un bon livre et l'art. Et quand j'ai lu "La confession anonyme" de Suzanne Lilar, les romans de Marie Gevers, Johan Daisne ou Hubert Lampoo, la poésie de Verhaeren, j'ai compris que mes racines étaient flamandes (jusque là, je me pensais citoyen du monde). Notre littérature est riche, et si mes goûts me ramènent plutôt au tournant des XIX et XXèmes siècles (Proust, Gide, Stendhal, Radiguet, Cendrars, Apollinaire, et chez nous Emile Verhaeren, Camille Lemonnier, Georges Rodenbach), je suis heureux de découvrir quelquefois des perles plus récentes chez nous. Pour l'ensemble de son œuvre, je voudrais citer Pierre Mertens dont j'admire vraiment l'écriture".


En 20 ans, les Lundis de la Bibliothèque ont accueilli plus de cent auteurs belges. Afin de fêter cet anniversaire en septembre dernier, l'invité était Jacques De Decker qui connaît bien les Lettres belges par son travail de chronique littéraire au journal "Le Soir" et sa fonction de secrétaire perpétuel de l'Académie Royale de Langue et de Littératures françaises de Belgique.

mercredi 17 février 2016

"Anvers ou les Anges pervers" (Werner Lambersy)

                                                     Anvers ou les anges pervers | Espace Nord


Né à Anvers en 1941, Werner Lambersy est une des grandes voix de la poésie francophone de Belgique. De par ce lieu de naissance, emblématique et émotionnellement chargé, il s'inscrit naturellement dans cette famille d'auteurs qui ont fait la richesse de la littérature francophone de Flandre. Publié par les éditions Espace Nord (www.espacenord.com) , ce roman est un livre-kaléïdoscope. L'unique roman émietté d'un poète qui, pour l'occasion, s'arrache à la véracité de la forme poétique et qui entraîne le lecteur dans les méandres de la ville qui l'a vu naître. Un retour aux sources de l'écriture par l'arpentage de la cité portuaire et des sinuosités de la mémoire, entre mythes, mensonges et vérités.


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mercredi 10 février 2016

Récompenses littéraires pour les Belges en 2015

La revue "Le Carnet et les Instants" - qui existe en version papier et désormais aussi via leur blog le-carnet-et-les-instants-net - vient de dresser la liste des principales récompenses littéraires obtenues par des auteurs belges en 2015 :


Prix Victor Rossel 2015 pour Eugène Savitzkaya
Considéré comme le "Goncourt belge", le prix Victor Rossel a été institué en 1938 par le journal "Le Soir" et pour le nom du fils du fondateur du quotidien. Il récompense chaque année un roman ou un recueil de nouvelles d'un auteur belge de langue française (parmi les précédents lauréats :  "Démons me turlupinant" de Patrick Declerck, "Monsieur optimiste" d'Alain Berenboom, "Blanès" d'Hedwige Jeanmart).


Né en 1955 à Liège, Eugène Savitzkaya développe une œuvre à la fois poétique, romanesque et théâtrale. En 2015, il a publié conjointement un recueil de poèmes, "A la cyprine", et le roman qui vaut le Rossel, "Fraudeur". Il a remporté le Prix triennal du roman en 1994 pour "Marin mon cœur". Si "Fraudeur" a été récompensé, le président du jury Pierre Mertens a souligné que c'est aussi l'ensemble de la carrière de Savitzkaya que le prix couronnait.


Prix Goncourt de la poésie 2015 pour William Cliff
Créé en 1985, le Goncourt de la poésie (appelé depuis 2012 le prix Goncourt de la poésie - Robert Sabatier) récompense chaque année un poète francophone pour l'ensemble de son œuvre (les Belges au palmarès :  Liliane Wouters en 2000, Guy Goffette en 2010 et Jean-Claude Pirotte en 2012). Le prix est doté de 6.000 euros.


Né en 1940 à Gembloux, William Cliff est poète, mais aussi traducteur et auteur de théâtre. Ses poèmes l'ont fait remarquer et apprécier de Raymond Queneau et lui ont valu de nombreux prix littéraires, dont le Grand Prix de poésie de l'Académie française en 2007 et le Prix quinquennal de littérature de la communauté française en 2010.


Prix Mallarmé 2015 pour Werner Lambersy
Le prix Mallarmé, décerné depuis 1937, récompense un poète d'expression française pour un recueil de poèmes. Il est décerné par l'Académie Mallarmé lors de la Foire du Livre de Brive, et est doté d'un montant de 3.800 euros (les Belges au palmarès de ce prix : "Eloge pour une cuisine de province" de Guy Goffette, "Incises, Incisions" d'André Schmitz, "La tristesse du figuier" d'Yves Namur).


Werner Lambersy est récompensé pour "La perte du temps", publié en 2015 par les éditions Le Castor Astral. Né à Anvers en 1941, Werner Lambersy vit à Paris. Il est l'auteur d'une œuvre poétique abondante, traduite dans plus de 20 langues.


Prix Apollinaire 2015 pour Liliane Wouters
Fondé en 1941, le prix Apollinaire couronne chaque année "un recueil caractérisé par son originalité et sa modernité, en dehors de tout dogmatisme d'école ou de technique". Le Belge Jean-Claude Pirotte a déjà obtenu ce prix avec "Autres séjours" en 2011.


Née en 1930, Liliane Wouters est l'auteure de plusieurs recueils de poèmes. Elle a aussi écrit pour le théâtre, et fait œuvre de traductrice. Elle est membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Elle a reçu le Prix Apollinaire 2015 pour son recueil "Derniers feux sur terre" et pour l'ensemble de son œuvre.


Prix de littérature des lycéens 2015 pour Barbara Abel
Lancé en 1993, le prix de littérature des lycéens est un prix attribué à un roman par des élèves de classes terminales d'écoles de toute la Fédération Wallonie-Bruxelles (parmi les anciens lauréats : "Tu ne jugeras point" d'Armel Job et "Les étoiles de l'aube" de Bernard Gheur). Pour l'édition 2015, plus de 3.000 élèves ont participé, lisant les ouvrages des cinq finalistes en lice (Geneviève Damas, Véronique Gallo, Guy Goffette, Thomas Gunzig et Barbara Abel) et rencontrant les auteurs venus à leur rencontre.


Née en 1969, Barbara Abel a reçu ce prix pour son roman "Derrière la haine". Elle est aussi l'auteure de nombreux romans policiers publiés chez les éditeurs de référence Le Masque et Fleuve Noir.


Prix Quinquennal de Littérature pour Jean Louvet et Jean-Marie Piemme
Décerné depuis 1929, ce prix d'un montant de 15.000 euros récompense tous les cinq ans un auteur pour l'ensemble de son œuvre. Il est également appelé "prix de couronnement de carrière". Les deux derniers lauréats sont Simon Leys en 2005 et William Cliff en 2010. Mais pour la première fois, ce prix a été remis conjointement en 2015 à deux lauréats : les auteurs de théâtre Jean Louvet (décédé peu après) et Jean-Marie Piemme.


Né à Moustier-sur-Sambre en 1934, licencié en philologie romane, Jean Louvet a été professeur de français à l'athénée de Morlanwelz. Influencé par Sartre et par Brecht, il commence sa carrière littéraire au début des années 60. Il innove en construisant son œuvre à partir de la question sociale, dans son imbrication avec l'histoire wallonne et l'évolution des mentalités ouvrières. Il est aussi un des promoteurs du Manifeste pour la culture wallonne de 1983. Il est décédé le 29 août 2015.


Jean-Marie Piemme est né à Jemeppe-sur-Meuse en 1944 dans une famille ouvrière fortement marquée par les idées communistes. Après une collaboration avec le Théâtre Varia, il rejoint, de 1983 à 1988, l'équipe de Gérard Mortier à l'Opéra National de Belgique. Sa première pièce, "Neige en décembre", écrite en 1986, sera mise en scène l'année suivante. Suivront une trentaine d'œuvres théâtrales jouées en Belgique et à l'étranger, dont certaines seront diffusées à la télévision. A côté de son travail d'auteur dramatique, Jean-Marie Piemme a aussi entrepris une réflexion sur le théâtre.

mercredi 3 février 2016

Soirée des éditions Le Coudrier à Namur

Le jeudi 21 avril 2016 à 20h, la Maison de la Poésie et de la Langue Française à Namur (www.mplf.be) donnera carte blanche aux Editions Le Coudrier qui présenteront leurs nouveautés 2016 à travers des lectures et des échanges avec leurs auteurs :


- Jean-Michel Aubevert :   né à Uccle en 1952, il vit en Brabant wallon. Il est l'auteur de 18 ouvrages, principalement de poésie. Il a également préfacé de nombreux recueils et collaboré à plusieurs ouvrages collectifs ("Cahier Chronique n°2", "Venise", "Le Mur", "Résonances", "Photomancies", "Piqués des vers", etc.). Enfin, un nouveau numéro hors-série de la "Nouvelle Revue Moderne" lui a été entièrement consacré. Il a également participé en tant que récitant au spectacle "Les Utilités du Rêve". Son dernier ouvrage, "Soleils Vivaces", est paru en mars 2015 aux Editions Le Coudrier.


- Anne-Marie Derèse :  elle est en 1938 à Franière. Après avoir terminé des études artistiques et obtenu les médailles de la Ville de Namur pour la diction et l'art dramatique, elle continue à l'Académie des Beaux-Arts de Namur le dessin et la peinture avec Luc Perot. Depuis 1980, elle publie des recueils de poésie et collabore à de nombreuses revues littéraires. De nombreuses fois primée, elle est l'auteur de quatorze recueils, dont deux publiés par les éditions Le Coudrier :  "Qu'importe si le sol est rouge" et "Femme abyssale".


- Claude Donnay :   né en 1958, il vit à Dréhance, un petit village de la vallée mosane. Comme nouvelliste, il a publié dans de nombreuses revues, dont "Nouvelle Donne" et "Sol'Air", et a participé au recueil collectif "Fureur d'enseigner". En tant que poète, il a publié dans des revues comme "L'Arbre à Plumes", "Le Journal des Poètes", "RegART", "L'Arbre à Paroles" ou "Inédit". Il a publié au Coudrier un recueil intitulé "Retour sur printemps" et "40 échanges", écrit en collaboration avec Christine Sépulchre. En 1999, il a fondé la revue biannuelle "Bleu d'Encre" et en 2011, les éditions qui portent le même nom.


- Aurélien Dony :   né en 1993 à Dinant, il poursuit actuellement une licence en philologie romane à l'Unamur. Son premier recueil de poèmes, "Il n'y aura plus d'hiver", est paru en 2011 aux éditions Memory Press. Passionné de chanson française, Aurélien est le parolier du groupe ECHO. Il est le lauréat du Prix Georges Lockem 2013 décerné par l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique pour son recueil poétique "Puisque l'aube est défaite".


- Pascal Feyaerts :  il vit dans la province du Hainaut où il exerce le métier de bibliothécaire depuis plus de dix ans. Il a écrit pour diverses revues littéraires ("Le Spantole", "Traversées", "La Pensée Wallonne", etc.) et a publié un recueil de poèmes en prose, "Claustrophobie ou les Rues de Pandémonium". Il est membre du Grenier Jane Tony et du Cercle de la Rotonde à Bruxelles. A ce titre, il a participé à l'anthologie "Résonances", publiée chez Memor en 2006. En 2009, une autre anthologie accueille ses écrits : "La Nouvelle Poésie française de Belgique", une lecture de poètes nés après mai 68 aux éditions Taillis Pré. En 2012, sort conjointement "L'amour en lettre capitale" aux éditions Le Coudrier, et "Nouvelles en quête d' (h)auteur" aux éditions Chloé des Lys. En 2014, un autre recueil, "D'Ils et d'Ailes", voit le jour aux éditions Le Coudrier.

mercredi 27 janvier 2016

Laurence Vielle, Poétesse Nationale 2016-2017




Après Charles Ducal dont je vous ai déjà parlé sur ce blog, c'est au tour de l'auteur belge Laurence Vielle (née à Bruxelles en 1968) de devenir Poétesse Nationale 2016-2017. Les deux seront bientôt présents le 4 février 2016 à 20h au Musée Emile Verhaeren de Sint-Amands.


Laurence Vielle a répondu aux questions des journaux du groupe "Vers l'Avenir" :


"Comment devient-on poétesse nationale?
- On n'est pas choisi par le Roi! Je suis dans le monde de la poésie depuis toujours. Mais pour moi, il est indissociable de l'oralité. Je dis les mots. J'ai donc eu un double parcours : la philo romane et des études théâtrales. J'ai rencontré Charles Ducal, le premier Poète National voici un peu plus d'un an et demi lors d'un festival de poésie à Anvers. Nous nous sommes directement bien entendus. Il y a un contraste intéressant entre nos poésies : lui plus classique et moi plus exubérante. Il y a un an, on m'a demandé si j'accepterais de devenir poétesse nationale en janvier 2016.


- On ne pose donc pas sa candidature?
- Non, ce sont les maisons de poésie qui choisissent. Pendant un an, j'ai été l'ambassadrice de Charles en région francophone. Et lui va devenir, pour un an également, mon ambassadeur en Flandre.


- Parce que la poésie ne connaît pas de frontière linguistique?
- Elle les traverse. Nous voulons montrer que les différences linguistiques ne sont pas un problème, qu'elles enrichissent les gens et permettent aux publics de se rencontrer. Nous voulons aussi lutter contre la morosité ambiante, nous emparer de l'actualité et réagir avec un regard de poète sur ce qui touche les gens. Le dernier poème de Charles parlait des migrants. Mon prochain et second évoquera la sécurité.


- Le Poète National, c'est d'abord une présence dans la presse des trois communautés du pays, mais pas que...
- Nous avons, avec les associations responsables, deux grands projets. Le premier serait d'éditer un "Belgium bordelio" pour les enfants. Le "Belgium bordelio" est une grosse anthologie bilingue de la poésie belge. Trente poètes belges actuels y sont traduits dans les deux langues, mais c'est destiné aux adultes. Nous voudrions publier une version dans laquelle les écoliers de Belgique retrouveraient les poètes qui habitent le pays, dans toutes les langues. Qu'ils puissent apprendre la poésie par cœur. C'est un magnifique moyen aussi de découvrir et d'étudier d'autres langues.


- Vous avez aussi un projet pour les jeunes?
- Oui. Lors de la passation de témoin entre Charles et moi-même, un concours du "Jeune Poète National francophone et néerlandophone" va être lancé. C'est une première. L'élection aura lieu au mois de mai prochain.


- Pour vous, la poésie est indispensable dans la vie quotidienne?
- Bien sûr! Et il faut absolument redonner une visibilité à la poésie. Elle réenchante le monde au sens profond du terme, elle remet la langue en mouvement. C'est comme une force sismique qui secoue et renverse. J'y crois de toutes mes forces.


- Votre premier poème évoque le train. Pourquoi?
- Le train, c'est un mouvement qui nous traverse et nous relie. Il charge toutes sortes de gens, on y parle toutes les langues. Le train a quelque chose à voir avec la Vie, avec un grand V !"


Le Poète National, c'est vraiment un beau projet culturel belge au-dessus de la frontière linguistique depuis 2014. Il est soutenu par le Poëziecentrum de Gand, la Maison de la Poésie de Namur, l'organisation littéraire Vonk et Zonen d'Anvers, la Maison de la Poésie d'Amay, le festival MaestrÖm, le Théâtre Poème 2, les Midis de la Poésie, les journaux De Morgen, Grenz Echo et Vers l'Avenir.

mercredi 20 janvier 2016

"Dictionnaire amoureux de la Belgique" (Jean-Baptiste Baronian)

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Né en 1942 à Anvers, l'écrivain belge Jean-Baptiste Baronian est l'auteur d'une septantaine d'ouvrages. Il est également membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Son dernier livre traite de la Belgique et des Belges, via la collection "Dictionnaire amoureux".


La bloggeuse Tania en a effectué deux comptes-rendus intéressants que je vous propose de découvrir :


http://textespretextes.blogs.lalibre.be/archive/2016/01/05/belgique-abc-1148772.html


http://textespretextes.blogs.lalibre.be/archive/2016/01/13/belgique-cdef-1148918.html


Et cliquez ci-dessous sur "Baronian Jean-Baptiste" si vous souhaitez consulter mes autres articles consacrés à cet écrivain belge.