samedi 31 décembre 2011

Prix de Littérature 2011 du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Le Prix de Littérature 2011 du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles vient d'être attribué à l'auteur belge Jean-Baptiste Baronian pour sa biographie de Rimbaud. Né en 1942 à Anvers, il est membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Jean-Baptiste Baronian en a parlé au groupe "Vers l'Avenir" :

"Quelle a été votre démarche pour cette biographie de Rimbaud?

- Cette biographie de Rimbaud, ainsi que celles de Baudelaire et de Verlaine écrites auparavant, étaient des commandes. Ma démarche a été d'essayer d'innover par rapport à ce qui existait déjà. Pas évident. Mon parti pris a été de me mettre dans la peau de Rimbaud et d'écrire sa vie comme le ferait un romancier. J'ai créé un climat romanesque mais en respectant la réalité. Par exemple, pendant que Rimbaud est en Ethiopie, Verlaine, à Paris, se démène pour qu'on reconnaisse ses oeuvres. Mais je n'en parle pas, car Rimbaud ne le sait pas. J'ai aussi utilisé beaucoup de guides d'époque pour décrire les lieux où il a vécu.

- Baudelaine, Verlaine, Rimbaud : on sent que vous avez des affinités avec ces trois poètes?

- Exact et çà m'a fait réellement plaisir qu'on me demande d'écrire la biographie de chacun d'eux car je ne suis pas connu pour cette affinité. J'ai une étiquette fantastique ou policière sur le dos.

- Dans la foulée, vous sortez également une édition de poèmes de Verlaine illustrée?

- C'est dans la continuité. Les biographies ont rencontré un bon accueil et dans la foulée on m'a proposé la réalisation de cet album. J'ai choisi 100 poèmes illustrés par une série de tableaux. A nouveau, j'ai veillé à ce que ce soient des peintres contemporains de cette époque. J'ai beaucoup aimé faire ce travail. C'est un autre aspect de ma personnalité, un certain éclectisme. Je ne pense pas que la culture puisse ne pas l'être.

- On sent que vous admirez particulièrement Verlaine?

- C'est celui qui me plaît le plus. Pour moi, c'est le plus grand des trois. Derrière une certaine accessibilité, il dissimule une poésie très complexe, une pure musicalité et une grande profondeur. Il parle des instants de la vie, de la joie, de la tristesse avec une force et une puissance inégalée et inégalable. C'est fascinant parce que, en même temps, c'est un voyou, un lâche, un ivrogne. Il est même laid. Il a quasi tous les défauts.

- Pour revenir à Rimbaud, vous n'en avez pas fini avec lui?

- Je supervise actuellement un dictionnaire Rimbaud qui doit paraître dans le courant de 2013 dans la collection Bouquins chez Robert Laffont. J'y travaille avec une trentaine de collaborateurs.

- Et côté biographie, un autre rêve?

- J'aimerais beaucoup écrire des bios de musiciens. Des hommes comme Ravel ou Debussy. Mais pour l'instant, le temps manque. Un jour peut-être..."

mercredi 21 décembre 2011

Le nouveau Musée des Lettres et Manuscrits à Bruxelles

Au coeur de Bruxelles, dans la célèbre Galerie du Roi, la princesse Léa de Belgique a inauguré en 2011 un nouveau musée : le Musée des Lettres et Manuscrits. A l'heure où les correspondances privées sur papier ont pratiquement disparu au profit des mails, le goût des collectionneurs pour les choses écrites ne fait qu'augmenter. Lettres autographes et manuscrits deviennent rares et leur valeur fait l'objet de spéculation. Quelques exemples concrets : un lot de 136 lettres inédites d'Hergé avec des dessins et croquis a été vendu 90.000 euros en 2008 ; la vente du manuscrit du "Manifeste du surréalisme" d'André Breton a atteint 3,6 millions d'euros en 2008 ; Sotheby's a vendu des écrits de Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, Oscar Wilde ou Gide pour 1,5 million d'euros... Pour les passionnés, posséder une lettre, un autographe, un manuscrit ancien de la main de personnages célèbres, c'est pénétrer dans les coulisses de la création et de la vie d'un être qu'ils admirent ou qui les fascinent. Gérard Lhéritier est l'un d'entre eux : il a accumulé plusieurs milliers de documents en une vingtaine d'années et a créé en 2010 le Musée des Lettres et Manuscrits à Paris.

Un an plus tard, c'est au tour de la capitale belge d'avoir son Musée des Lettres et Manuscrits (www.mlmb.be) au numéro 3 de la Galerie du Roi, non loin de la grand-place. Il présente 600 documents (lettres autographes, manuscrits, tapuscrits, dessins, photos inédites) d'hommes illustres, écrivains, scientifiques, artistes ou hommes d'Etat. S'y côtoient pêle-mêle Charles Quint, Louis XIV, de Gaulle, Eisenhower, Léopold Ier, Casanova, Beckett, Vian, Hemingway, Voltaire, Dickens, Vésale, Marie Curie, Einstein, Dali, Renoir, Sisley, Delacroix, Van Gogh, Magritte, Mozart, Beethoven, Chopin parmi les plus connus.

Le rez-de-chaussée du musée présente actuellement une exposition temporaire sur Georges Simenon. D'autres personnalités belges sont présentées à l'étage : André Baillon, Georges Eeckhoud, Max Elskamp, Achille Chavée, Hergé, Hugo Claus, Emile Verhaeren, Charles Van Lerberghe, Maurice Maeterlinck, René Magritte, James Ensor, Félicien Rops, Ernest Solvay, Jacques Brel, Pierre Alechinsky, etc.

Le catalogue de la collection permanente (336 pages) offre un bon complément à la visite du musée. Publié par les éditions Racines, ce beau livre réunit 120 lettres, manuscrits et dessins sélectionnés et commentés par les équipes du Musée des Lettres et Manuscrits. Autant d'informations originales qui apportent un éclairage nouveau sur notre histoire et les hommes qui l'ont façonnée.

samedi 17 décembre 2011

Interview de l'écrivain Philippe Desterbecq

En mars 2009, je vous avais parlé de la sortie du premier livre de l'auteur belge Philippe Desterbecq (http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/03/premier-livre-de-philippe-desterbecq.html) qui vient de répondre par mail à mes questions :

"Deux ans et demi après cet article, quel bilan tirez-vous de la parution de votre premier livre, "Nouvelles et textes de moi"?

- Cette première expérience m'a ouvert quelques portes, m'a permis de connaître un peu le monde de l'édition, de faire mes armes, je dirais. C'est une expérience inoubliable, un rêve qui s'est réalisé. Toutefois, je regrette la manière dont çà s'est passé et je ne conseille à personne de publier un bouquin à compte d'auteur ou à compte mixte (comme moi). Une fois l'argent reçu, la maison d'édition laisse tomber l'auteur qui doit se débrouiller par lui-même.

- Pourquoi avez-vous ensuite rejoint les éditions Chloé des Lys?

- J'ai entendu parler de Chloé des Lys par une auteure qui quittait les éditions Elzévir et était très contente de sa nouvelle maison d'édition. J'avais, dans un tiroir, un conte que j'ai écrit il y a bien longtemps et qui n'avait pas trouvé d'éditeur à l'époque. J'ai voulu tenter ma chance une fois encore et j'ai envoyé mon manuscrit chez Chloé des Lys. Neuf mois plus tard, j'ai reçu un avis favorable du comité de lecture. Quelques mois encore ont passé, j'ai rencontré Laurent Dumortier, le big boss des éditions Chloé des Lys, et j'ai signé mon contrat. Cette fois, je n'avais rien à payer mais je devais m'investir pour la "création" du bouquin. Tout s'est très bien passé.

- Présentez-nous votre deuxième livre qui est sorti en 2011 : "L'étoile magique".

- "L'étoile magique" a, à la base, été écrit pour les élèves de ma classe, c'est-à-dire pour des enfants d'une dizaine d'années. C'est un conte moderne (pas de fées ou de sorcières) qui, à mon plus grand étonnement, plait aussi aux adultes. C'est l'histoire d'un petit garçon, fou d'astronomie, qui découvre, un jour, une étoile bizarre dans le ciel. Elle a sept branches et brille d'un éclat particulier. Au même moment, il voit une étoile filante. La tradition veut qu'un voeu se réalise s'il est fait lors de l'apparition d'une météorite. Pierrot fait donc un voeu qui, à son plus grand étonnement, se réalise. C'est le début d'aventures extraordinaires que mon héros ne maitrisera pas totalement. J'ai voulu, dans ce conte, montrer qu'on ne peut pas toujours s'amuser au détriment d'autrui, que l'on doit parfois réparer ce qu'on a détruit et que, finalement, c'est le coeur qui gagne. Je n'en dis pas trop ; je ne veux pas dévoiler l'enchainement des faits. Contrairement à mes nouvelles pour adultes, ce conte se termine bien.

- Quels sont vos projets?

- Un autre rêve trotte dans ma tête. Il n'est malheureusement pas encore au stade de projet car je ne sais pas comment faire pour qu'il se réalise. Je ne sais pas à qui m'adresser et ne connais pas les démarches à entreprendre. Je voudrais que "L'étoile magique" devienne un film ou un dessin animé. Je peux paraitre ambitieux mais je trouve que cette histoire est très visuelle et je verrais très bien Pierrot et ses copains devenir les personnages d'un film. Autrement, j'ai un troisième manuscrit qui est prêt à être envoyé chez Chloé des Lys ou ailleurs. Je vais bientôt m'en occuper. Il s'agit d'une version longue de la dernière nouvelle de mon recueil. Elle s'intitule "Et si ce n'était qu'un rêve...". Si tout va bien, ce nouveau roman pourrait sortir dans...2 ans (eh oui, il faut du temps et de la patience!)".

vendredi 9 décembre 2011

Remise des Prix Rossel 2011

Les Prix Rossel 2011 ont été remis cette semaine dans le cadre prestigieux du palais des Académies à Bruxelles, en présence de l'écrivain français Bernard Pivot (très connu pour son émission littéraire "Apostrophes"), du secrétaire perpétuel de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique Jacques De Decker, de la commissaire de la Foire du Livre de Bruxelles Ana Garcia, de nombreux auteurs et éditeurs.

Le Prix Rossel des Jeunes 2011 (d'une valeur de 1.250 euros) a été attribué par un jury de rhétoriciens à Lydia Flem pour "La reine Alice" (éditions Le Seuil). Elle y raconte l'histoire d'une femme atteinte du cancer que l'imagination aide à tenir debout. Inspirée par l'héroïne de Lewis Carroll, elle devient Alice aux turbans avec les premières chimios. Lydia Flem n'élude rien des difficultés (perte des cheveux, douleurs, angoisses, traitements, p.ex.) mais parvient à transformer la douleur en beauté et douceur.

Le 69ème Prix Rossel (d'une valeur de 5.000 euros) a été remis par un jury de professionnels à Geneviève Damas pour son premier roman "Si tu passes la rivière" (éditions Luce Wilquin). Il raconte l'histoire de François, 17 ans, qui ne connaît du monde que la violence. On le suit dans ses démêlés familiaux et judiciaires. Plusieurs personnes vont l'aider à "passer la rivière", à se regarder en face, à comprendre, à vivre, à avancer... Ce Prix Rossel 2011 est également une belle récompense pour l'éditrice belge Luce Wilquin dont je vous ai parlé il y a quelques semaines et qui fêtera les 20 ans de sa maison d'édition en 2012.